L'économie politique N°77 : la mondialisation sans boussole
de Collectif Alternatives économiques, 2018, 112 p. (l'economie politique) Démondialisation et gouvernance internationale. Les attaques contre la mondialisation viennent aujourd'hui principalement des pays qui ont construit l'ordre international durant la seconde moitié du XXe siècle. Face à cette remise en cause, la nouvelle organisation du monde esquissée par la Chine soulève d'autres problèmes. Dans ce contexte, comment ressusciter une gouvernance mondiale ? Une régulation à la traîne de la finance globale. Les activités bancaires et financières ont acquis ces dernières décennies une dimension globale et une importance systémique auxquelles la régulation ne s'est pas ajustée. Celle-ci reste entravée par des Etats qui défendent jalousement leurs champions nationaux, par le pouvoir des lobbies et par la persistance de vastes zones d'ombre. Peut-on réguler les grandes entreprises numériques ? L'idée que les Etats seraient dépassés par l'économie numérique renforce les appels à la "régulation". Une préoccupation qui s'exprime principalement en Europe, où dominent les géants du Net américains. Plutôt que de régulation, l'Europe a besoin d'une politique industrielle capable de faire grandir ses propres entreprises. Les écueils de la politique commerciale européenne Les accords commerciaux négociés par l'UE suscitent une hostilité croissante : échappant au cadre multilatéral, ils portent sur des domaines toujours plus larges, tout en faisant primer le droit commercial sur les règles sociales et environnementales. Et souffrent toujours d'un manque de contrôle démocratique. Le monde à l'envers Il y a un an, la scène internationale fut le théâtre d'un improbable chassé-croisé : alors que Donald Trump entrait à la Maison Blanche porté par un virulent discours antimondialisation, Xi Jinping prononçait, à Davos, un vibrant plaidoyer pour le libre-échange. Le secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois et président de la République populaire de Chine faisant une leçon d'ouverture au président des Etats-Unis ! Il a fallu pour cela un événement non moins inattendu : que le pays qui a forgé l'ordre international d'après-guerre et s'était fait le champion de la mondialisation porte au pouvoir un protectionniste, dont l'obsession est de construire un mur entre le Mexique et son pays, qui conspue l'Alena, dénonce le traité transpacifique conclu par Barack Obama, veut enterrer l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et sort de l'accord de Paris sur le climat. Un président farouchement opposé aux institutions multilatérales et aux accords internationaux qui pourraient paraître contrevenir à son mot d'ordre "America first". Le résultat est l'inverse de celui que promettait le candidat Trump : "Make America great again." Les Etats-Unis, en s'excluant d'eux-mêmes de la gouvernance mondiale, s'affaiblissent et se marginalisent. La Chine n'a pas tardé à profiter de ce repli pour affirmer son leadership. Mais la mondialisation qu'elle prône n'est pas celle promue hier encore par les Etats-Unis. Ce n'est pas un monde ouvert à tous les vents et à tous les flux économiques, de marchandises, de capitaux et, plus récemment, de données. La Chine s'est bien gardée de suivre, pour son propre développement, le modèle du "consensus de Washington", diffusé dans les années 1990 par les institutions financières ayant leur siège dans la capitale américaine, et soutenu par le Trésor américain. Si elle est membre de l'OMC depuis 2001, les entreprises et les investisseurs étrangers y sont toujours soumis à d'importantes restrictions, dont ses partenaires se plaignent régulièrement. En matière financière, les mouvements internationaux de capitaux sont étroitement limités et contrôlés. Quant aux données, le gouvernement chinois a mis en place un grand "pare-feu", à des fins avant tout de censure politique, mais qui a eu pour effet de protéger l'industrie numérique chinoise naissante. Celle-ci compte désormais des géants capables de concurrencer les Gafam1. C'est donc une ouverture sélective et étroitement contrôlée qu'opère la Chine. |
Collectif.
L'économie politique N°77 : la mondialisation sans boussole.
Alternatives économiques, 2018, 112 p.
(l'economie politique).
Titre : | L'économie politique N°77 : la mondialisation sans boussole |
Auteurs : | Collectif, Auteur |
Type de document : | texte imprimé |
Editeur : | Alternatives économiques, 2018 |
Collection : | l'economie politique |
Format : | 112 p. |
Langues: | Français |
Descripteurs : | Afrique / Chine / commerce international / économie / finance internationale / France / infrastructure de transport / mondialisation : économie politique / transmission numérique |
Résumé : |
Démondialisation et gouvernance internationale.
Les attaques contre la mondialisation viennent aujourd'hui principalement des pays qui ont construit l'ordre international durant la seconde moitié du XXe siècle. Face à cette remise en cause, la nouvelle organisation du monde esquissée par la Chine soulève d'autres problèmes. Dans ce contexte, comment ressusciter une gouvernance mondiale ? Une régulation à la traîne de la finance globale. Les activités bancaires et financières ont acquis ces dernières décennies une dimension globale et une importance systémique auxquelles la régulation ne s'est pas ajustée. Celle-ci reste entravée par des Etats qui défendent jalousement leurs champions nationaux, par le pouvoir des lobbies et par la persistance de vastes zones d'ombre. Peut-on réguler les grandes entreprises numériques ? L'idée que les Etats seraient dépassés par l'économie numérique renforce les appels à la "régulation". Une préoccupation qui s'exprime principalement en Europe, où dominent les géants du Net américains. Plutôt que de régulation, l'Europe a besoin d'une politique industrielle capable de faire grandir ses propres entreprises. Les écueils de la politique commerciale européenne Les accords commerciaux négociés par l'UE suscitent une hostilité croissante : échappant au cadre multilatéral, ils portent sur des domaines toujours plus larges, tout en faisant primer le droit commercial sur les règles sociales et environnementales. Et souffrent toujours d'un manque de contrôle démocratique. Le monde à l'envers Il y a un an, la scène internationale fut le théâtre d'un improbable chassé-croisé : alors que Donald Trump entrait à la Maison Blanche porté par un virulent discours antimondialisation, Xi Jinping prononçait, à Davos, un vibrant plaidoyer pour le libre-échange. Le secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois et président de la République populaire de Chine faisant une leçon d'ouverture au président des Etats-Unis ! Il a fallu pour cela un événement non moins inattendu : que le pays qui a forgé l'ordre international d'après-guerre et s'était fait le champion de la mondialisation porte au pouvoir un protectionniste, dont l'obsession est de construire un mur entre le Mexique et son pays, qui conspue l'Alena, dénonce le traité transpacifique conclu par Barack Obama, veut enterrer l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et sort de l'accord de Paris sur le climat. Un président farouchement opposé aux institutions multilatérales et aux accords internationaux qui pourraient paraître contrevenir à son mot d'ordre "America first". Le résultat est l'inverse de celui que promettait le candidat Trump : "Make America great again." Les Etats-Unis, en s'excluant d'eux-mêmes de la gouvernance mondiale, s'affaiblissent et se marginalisent. La Chine n'a pas tardé à profiter de ce repli pour affirmer son leadership. Mais la mondialisation qu'elle prône n'est pas celle promue hier encore par les Etats-Unis. Ce n'est pas un monde ouvert à tous les vents et à tous les flux économiques, de marchandises, de capitaux et, plus récemment, de données. La Chine s'est bien gardée de suivre, pour son propre développement, le modèle du "consensus de Washington", diffusé dans les années 1990 par les institutions financières ayant leur siège dans la capitale américaine, et soutenu par le Trésor américain. Si elle est membre de l'OMC depuis 2001, les entreprises et les investisseurs étrangers y sont toujours soumis à d'importantes restrictions, dont ses partenaires se plaignent régulièrement. En matière financière, les mouvements internationaux de capitaux sont étroitement limités et contrôlés. Quant aux données, le gouvernement chinois a mis en place un grand "pare-feu", à des fins avant tout de censure politique, mais qui a eu pour effet de protéger l'industrie numérique chinoise naissante. Celle-ci compte désormais des géants capables de concurrencer les Gafam1. C'est donc une ouverture sélective et étroitement contrôlée qu'opère la Chine. |
Note de contenu : |
- la tentation de la mondialisation
- La finance hors contrôle - Peut-on réguler le numérique ? - Europe : les écueils de la politique commerciale - La Chine : maître du monde - Afrique : les voies du développement - La "main invisible" et libre échange |
Nature du document : | documentaire |
genre : | Documentaire |
Exemplaires (1)
Cote | Section | Localisation | Code-barres | Disponibilité |
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338 COL | documentaire | CDI | 027223 | Disponible |