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Le soleil des morts
de Bernard Clavel
France-Loisirs, 1998, 612 p.
"Il aura fallu preque cinquante ans pour que je me décide à conter l'histoire de mon oncle. Si j'excepte mes parents, mon oncle Charles reste de loin celui dont je me suis toujours senti le plus proche et dont le visage s'impose. Mon oncle au képi blanc ! Mais il y a tant de morts derrière moi que leur long cortège me donne le vertige. Bon nombre d'entre eux n'avaient pas atteint mon âge lorsqu'ils ont pris rang dans la troupe. Disparus en un temps où seuls les gens riches laissaient leurs portraits, ils se sont inscrits dans ma mémoire où leurs gestes ont semé d'étranges traînées de clarté à la manière des astres qui passent entre les étoiles immobiles. Je hais la guerre et déteste les armes, mais l'histoire de mon oncle, ce vieux soldat, m'a longuement hantée. Aujourd'hui, je me décide à la faire revivre. Et avec lui, ses compagnons de lutte, ses frères, ses amis, les femmes qu'il a aimées, dont les noms sont grévés en ma mémoire plus profond que dans la pierre des croix.
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