Agriculture : main basse sur nos terres agricoles
de Périco Légasse, Emmanuel Schwartzenberg In Marianne, 1302 (24/02/2022), p. 46-67 Rien n'est inéluctable. Rien n'est perdu. Il est encore temps de réagir et de relever le drapeau. Mais encore faut-il avoir l'esprit clair sur la prédation dont notre pays est l'objet. Comment s'opère le "grand remplacement" de nos paysans. Montages financiers, prête-noms, toutes les ficelles sont actionnées pour contourner la régulation des prix des domaines agricoles. Au cours des dix prochaines années, 5 millions d'hectares vont changer de propriétaires avant le départ à la retraite de nombreux agriculteurs. Et ce n'est qu'un début. Sans une grande réforme foncière, les groupes financiers et les milliardaires vont s'accaparer la terre. "Des gens qui habitent Paris gèrent par téléphone une exploitation, sans jamais mettre les pieds sur leurs terres." Daniel Prieur, de la FNSEA. Quand les milliardaires fauchent le blé sous les pieds des paysans. le vin, ils aiment ça. Et pas seulement à leur table. Cependant, outre le rachat de domaines viticoles, c'est maintenant sur les plaines céréalières que certaines riches personnalités jettent leur dévolu. De quoi faire flamber le prix des terres. Sous-location : la pomme (de terre) de la discorde. Pour alimenter leur florissante industrie de transformation de pommes de terre, des agriculteurs belges passent la frontière pour acheter ou sous-louer des terres agricoles dans les Hauts-de-France. Cette pratique interdite et opaque fait grimper les prix du foncier et freine l'installation des jeunes. Entretien : "La concentration foncière n'est pas inéluctable". Si nous avons fait naître de colossales exploitations agricoles, la régulation est cependant encore possible. Tel est l'avis de Robert Levesque, ancien directeur de Terres d'Europe, bureau d'études national des sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural, les fameuses Safer, et aujourd'hui président de l'association Agter*. Accaparement : premier "soulèvement" pour la reprise des sols. Dans le Jura, le prix des terres flambe. la Confédération paysanne y a organisé la reprise d'une parcelle viticole, laissée à l'abandon par son propriétaire, un groupement foncier. Une action qui pourrait faire des petits. Artificialisation : le Vaucluse à vau-l'eau. Le département, prisé pour l'installation d'entrepôts logistiques en raison de sa position géographique stratégique, est soumis à une artificialisation intense. L'équivalent d'un terrain de football y est englouti chaque jour. Agrocarburants : une menace nommée méthanisation. La gazéification des produits agricoles est, avec le photovoltaïque et l'éolien, l'un des vecteurs de la stratégie de transition énergétique de la France. A grand renfort de fonds publics, ces installations transforment nos campagnes. Manifeste pour les sols. Ingénieur de l'environnement, Frédérice Denhez, est auteur, conférencier et consultant. Pour lui, derrière la question du foncier, il y a d'abord celle du sol et un enjeu majeur : sa dégradation biologique. |
Légasse Périco, Schwartzenberg Emmanuel.
« Agriculture : main basse sur nos terres agricoles »
in Marianne, 1302 (24/02/2022), p. 46-67.
Titre : | Agriculture : main basse sur nos terres agricoles (2022) |
Auteurs : | Périco Légasse, Auteur ; Emmanuel Schwartzenberg, Auteur ; Mark Halbran, Auteur |
Type de document : | Article : texte imprimé |
Dans : | Marianne (1302, 24/02/2022) |
Article : | p. 46-67 |
Langues: | Français |
Descripteurs : | agriculture / agriculture biologique / concentration foncière / déséquilibre écologique / exploitation agricole / France / paysan / produit agricole / réforme foncière |
Résumé : |
Rien n'est inéluctable. Rien n'est perdu. Il est encore temps de réagir et de relever le drapeau. Mais encore faut-il avoir l'esprit clair sur la prédation dont notre pays est l'objet.
Comment s'opère le "grand remplacement" de nos paysans. Montages financiers, prête-noms, toutes les ficelles sont actionnées pour contourner la régulation des prix des domaines agricoles. Au cours des dix prochaines années, 5 millions d'hectares vont changer de propriétaires avant le départ à la retraite de nombreux agriculteurs. Et ce n'est qu'un début. Sans une grande réforme foncière, les groupes financiers et les milliardaires vont s'accaparer la terre. "Des gens qui habitent Paris gèrent par téléphone une exploitation, sans jamais mettre les pieds sur leurs terres." Daniel Prieur, de la FNSEA. Quand les milliardaires fauchent le blé sous les pieds des paysans. le vin, ils aiment ça. Et pas seulement à leur table. Cependant, outre le rachat de domaines viticoles, c'est maintenant sur les plaines céréalières que certaines riches personnalités jettent leur dévolu. De quoi faire flamber le prix des terres. Sous-location : la pomme (de terre) de la discorde. Pour alimenter leur florissante industrie de transformation de pommes de terre, des agriculteurs belges passent la frontière pour acheter ou sous-louer des terres agricoles dans les Hauts-de-France. Cette pratique interdite et opaque fait grimper les prix du foncier et freine l'installation des jeunes. Entretien : "La concentration foncière n'est pas inéluctable". Si nous avons fait naître de colossales exploitations agricoles, la régulation est cependant encore possible. Tel est l'avis de Robert Levesque, ancien directeur de Terres d'Europe, bureau d'études national des sociétés d'aménagement foncier et d'établissement rural, les fameuses Safer, et aujourd'hui président de l'association Agter*. Accaparement : premier "soulèvement" pour la reprise des sols. Dans le Jura, le prix des terres flambe. la Confédération paysanne y a organisé la reprise d'une parcelle viticole, laissée à l'abandon par son propriétaire, un groupement foncier. Une action qui pourrait faire des petits. Artificialisation : le Vaucluse à vau-l'eau. Le département, prisé pour l'installation d'entrepôts logistiques en raison de sa position géographique stratégique, est soumis à une artificialisation intense. L'équivalent d'un terrain de football y est englouti chaque jour. Agrocarburants : une menace nommée méthanisation. La gazéification des produits agricoles est, avec le photovoltaïque et l'éolien, l'un des vecteurs de la stratégie de transition énergétique de la France. A grand renfort de fonds publics, ces installations transforment nos campagnes. Manifeste pour les sols. Ingénieur de l'environnement, Frédérice Denhez, est auteur, conférencier et consultant. Pour lui, derrière la question du foncier, il y a d'abord celle du sol et un enjeu majeur : sa dégradation biologique. |
Nature du document : | documentaire |
genre : | Article de périodique |
Exemplaires (1)
Cote | Section | Localisation | Code-barres | Disponibilité |
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Archives | périodique | CDI | 036331 | Disponible |