Dossier : les 60 ans des accords d'Evian. Algérie, 1962-2022 : 60 ans de manipulations
de Martine Gozlan, Stéphane Aubouard In Marianne, 1304 (10/03/2022), p. 48-67 La guerre d'Algérie a pris officiellement fin le 19 mars 1962 avec les accords d'Evian. Pourtant, depuis soixante ans, des deux côtés de la Méditerranée, le conflit se poursuit à travers instrumentalisations et réécritures. La prochaine commémoration par Emmanuel Macron, à 3 semaines de la présidentielle, n'échappe pas à cette ambiguïté. Accords déviants ? "La libre circulation des personnes, un paradoxe dont De Gaule a été très vite conscient". Règlement de comptes : FLN, hold-up sur le nationalisme. Toutes les fureurs de l'Algérie future étaient déjà en gestation dans la terrible préhistoire de l'indépendance. Les règlements de comptes entre le FLN, qui liquida ses rivaux, et les autres courants nationalistes, firent des milliers de morts. Retour sur une réalité que le régime algérien refuse de regarder en face. Gérald de Castelnau : lettres de Constantine. Affecté au 5ème bureau de l'état-major de Constantine en octobre 1961, le commandant Gérald de Castelnau écrit chaque jour à sa femme, restée en métropole. Résistant, prisonnier en Espagne, il prend part au débarquement en Provence en 194 où, gravement blessé, il perd l'usage d'un bras. Après l'Indochine, il fera deux séjours en Algérie. Dans ses lettres, conservées et retranscrites par sa famille, il témoigne de l'inéluctable dégradation d'une situation hors de contrôle. Exil. Pieds-noirs : de l'intégration à la désintégration. Après le traumatisme d'un départ à marche forcée, les Français d'Algérie se souviennent d'une arrivé en métropole compliquée. A l'époque, la "mère patrie" était pourtant auréolée de prestige à leurs yeux. L'accueil espéré ne sera pas à la hauteur des attentes justifiées. Récit d'une histoire aux plaies encore béantes. Hommage : la tragédie effacée des Européens d'Oran. Dans un récit saisissant, Hélène Cohen retrace sa disparition de sa famille lors des exactions du FLN, pendant l'été 1962. Harkis : massacrés, méprisés... et indemnisés. Symboles les plus sombres de la guerre d'Algérie, les harkis ont longtemps été les parias de la République. Porteurs d'une mémoire mal connue, leurs descendants luttent sans relâche pour une reconnaissance officielle et des réparations. De l'histoire au réel : la grande désillusion de la jeunesse algérienne. Fière d'un passé glorieux, qu'elle connaît mal parfois, la nouvelle génération, soixante ans après la fin de la guerre d'indépendance, décrit un pays "en panne" et "sans perspectives". Avenir : la France reste plus fantasmée que détestée". Auteur de nombreux ouvrages, dont "L'Algérie et la langue française ou l'altérité en partage", le sociologue Rabeh Sebaa, enseignant chercheur à l'université d'Oran, évoque le peu d'intérêt accordé par les jeunes Algériens à leur histoire. Politique linguistique : francophones ou francophobes ? Su français "butin de guerre", selon la formule de l'écrivain Kateb Yacine en 1966, à l'arabisation obligatoire décrétée par le pouvoir algérien, la langue est le miroir des identités fracturés. |
Gozlan Martine, Aubouard Stéphane.
« Dossier : les 60 ans des accords d'Evian. Algérie, 1962-2022 : 60 ans de manipulations »
in Marianne, 1304 (10/03/2022), p. 48-67.
Titre : | Dossier : les 60 ans des accords d'Evian. Algérie, 1962-2022 : 60 ans de manipulations (2022) |
Auteurs : | Martine Gozlan, Auteur ; Stéphane Aubouard, Auteur ; Alain Léauthier, Auteur |
Type de document : | Article : texte imprimé |
Dans : | Marianne (1304, 10/03/2022) |
Article : | p. 48-67 |
Langues: | Français |
Descripteurs : | accords d'Evian : 18 mars 1962 / Algérie / FLN / France / guerre d'Algérie : 1954-1962 / Harkis / indépendance / Pieds-noirs |
Résumé : |
La guerre d'Algérie a pris officiellement fin le 19 mars 1962 avec les accords d'Evian. Pourtant, depuis soixante ans, des deux côtés de la Méditerranée, le conflit se poursuit à travers instrumentalisations et réécritures. La prochaine commémoration par Emmanuel Macron, à 3 semaines de la présidentielle, n'échappe pas à cette ambiguïté.
Accords déviants ? "La libre circulation des personnes, un paradoxe dont De Gaule a été très vite conscient". Règlement de comptes : FLN, hold-up sur le nationalisme. Toutes les fureurs de l'Algérie future étaient déjà en gestation dans la terrible préhistoire de l'indépendance. Les règlements de comptes entre le FLN, qui liquida ses rivaux, et les autres courants nationalistes, firent des milliers de morts. Retour sur une réalité que le régime algérien refuse de regarder en face. Gérald de Castelnau : lettres de Constantine. Affecté au 5ème bureau de l'état-major de Constantine en octobre 1961, le commandant Gérald de Castelnau écrit chaque jour à sa femme, restée en métropole. Résistant, prisonnier en Espagne, il prend part au débarquement en Provence en 194 où, gravement blessé, il perd l'usage d'un bras. Après l'Indochine, il fera deux séjours en Algérie. Dans ses lettres, conservées et retranscrites par sa famille, il témoigne de l'inéluctable dégradation d'une situation hors de contrôle. Exil. Pieds-noirs : de l'intégration à la désintégration. Après le traumatisme d'un départ à marche forcée, les Français d'Algérie se souviennent d'une arrivé en métropole compliquée. A l'époque, la "mère patrie" était pourtant auréolée de prestige à leurs yeux. L'accueil espéré ne sera pas à la hauteur des attentes justifiées. Récit d'une histoire aux plaies encore béantes. Hommage : la tragédie effacée des Européens d'Oran. Dans un récit saisissant, Hélène Cohen retrace sa disparition de sa famille lors des exactions du FLN, pendant l'été 1962. Harkis : massacrés, méprisés... et indemnisés. Symboles les plus sombres de la guerre d'Algérie, les harkis ont longtemps été les parias de la République. Porteurs d'une mémoire mal connue, leurs descendants luttent sans relâche pour une reconnaissance officielle et des réparations. De l'histoire au réel : la grande désillusion de la jeunesse algérienne. Fière d'un passé glorieux, qu'elle connaît mal parfois, la nouvelle génération, soixante ans après la fin de la guerre d'indépendance, décrit un pays "en panne" et "sans perspectives". Avenir : la France reste plus fantasmée que détestée". Auteur de nombreux ouvrages, dont "L'Algérie et la langue française ou l'altérité en partage", le sociologue Rabeh Sebaa, enseignant chercheur à l'université d'Oran, évoque le peu d'intérêt accordé par les jeunes Algériens à leur histoire. Politique linguistique : francophones ou francophobes ? Su français "butin de guerre", selon la formule de l'écrivain Kateb Yacine en 1966, à l'arabisation obligatoire décrétée par le pouvoir algérien, la langue est le miroir des identités fracturés. |
Nature du document : | documentaire |
genre : | Article de périodique |
Exemplaires (1)
Cote | Section | Localisation | Code-barres | Disponibilité |
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Archives | périodique | CDI | 036379 | Disponible |