Le mépris
de Natacha Polony, Franck Dedieu In Marianne, 1359 (30/03/2023), p. 8-19 Emmanuel Macron prend-il la mesure de la colère qui s'exprime ? Car elle vient de loin, cette colère, et mérite qu'on la considère. Depuis quarante ans, les Français ont subi une perte de souveraineté politique, budgétaire et commerciale. Peuvent-ils accepter que leur volonté soit impunément bafouée ? Paroles, paroles... Le poids des mots, le choc des propos. Le charme du verbe macronien n'opère plus. La parole présidentielle, faite de promesses et de grandiloquence, glisse sur une opinion publique désormais incrédule. Il suffit de confronter les belles phrases au réel bête et méchant. - Il promet... une "contribution exceptionnelle". Oui, mais combien ? - Il promettait la révolution... mais il se révèle en pur conservateur - Il dit agir pour ... l'"intérêt général" mais seuls les salariés paieraient l'addition. - Il assure... défendre le "peuple souverain" face à la "foule". Mais il défend une conception étriquée de la démocratie. - Il veut... "qu'on réponde aux besoins de la ruralité sur la scolaire". Mais personne ne veut de ses classes "multi-niveaux". - Il regrette... "qu'aucune force syndicale n'ait proposé un compromis". Mais l'exécutif a refusé les propositions des syndicats. Témoignages. Fâchés mais pas factieux. Jusqu'où ira leur colère ? De paris à Tulle, du Pas-de-calais au Midi, ces Français ont en commun de manifester contre la réforme des retraites. Très en colère après le passage en force du gouvernement avec le 49.3, mais loin des "factieux" cités par Emmanuel Macron au cours de son entretien télévisé du 22 mars 2023, ils réfléchissent désormais aux suites à donner à leur opposition. Eux aussi, ils veulent un référendum. Quand "Marianne" a lancé son appel le 17 mars, ils ont été parmi les premiers à exprimer leur soutien. Défense de la démocratie, rejet de la réforme, volonté de sortir de la crise politique... Les raisons d'appeler à la tenu d'un scrutin référendaire ne manquent pas. Aujourd'hui nous revendiquons plus de 300 000 signataires. Enquête. La police à son tour piégée dans la nasse. Depuis l'adoption de la réforme des retraites par le recours au 49.3, la colère de la rue est sortie de son lit. Et, avec elle, de nouvelles accusations de violences policières. face au mouvement social, à une jeunesse désormais virulente et à des soupçons sur la volonté de l'Etat de tuer la mobilisation, le malaise policier grandit. |
Polony Natacha, Dedieu Franck.
« Le mépris »
in Marianne, 1359 (30/03/2023), p. 8-19.
Titre : | Le mépris (2023) |
Auteurs : | Natacha Polony, Auteur ; Franck Dedieu, Auteur ; Laurence Dequay, Auteur |
Type de document : | Article : texte imprimé |
Dans : | Marianne (1359, 30/03/2023) |
Article : | p. 8-19 |
Langues: | Français |
Descripteurs : | colère / contestation / France / grève / manifestation politique / opposition politique / président de la république / réforme des retraites / violence policière |
Résumé : |
Emmanuel Macron prend-il la mesure de la colère qui s'exprime ? Car elle vient de loin, cette colère, et mérite qu'on la considère. Depuis quarante ans, les Français ont subi une perte de souveraineté politique, budgétaire et commerciale. Peuvent-ils accepter que leur volonté soit impunément bafouée ?
Paroles, paroles... Le poids des mots, le choc des propos. Le charme du verbe macronien n'opère plus. La parole présidentielle, faite de promesses et de grandiloquence, glisse sur une opinion publique désormais incrédule. Il suffit de confronter les belles phrases au réel bête et méchant. - Il promet... une "contribution exceptionnelle". Oui, mais combien ? - Il promettait la révolution... mais il se révèle en pur conservateur - Il dit agir pour ... l'"intérêt général" mais seuls les salariés paieraient l'addition. - Il assure... défendre le "peuple souverain" face à la "foule". Mais il défend une conception étriquée de la démocratie. - Il veut... "qu'on réponde aux besoins de la ruralité sur la scolaire". Mais personne ne veut de ses classes "multi-niveaux". - Il regrette... "qu'aucune force syndicale n'ait proposé un compromis". Mais l'exécutif a refusé les propositions des syndicats. Témoignages. Fâchés mais pas factieux. Jusqu'où ira leur colère ? De paris à Tulle, du Pas-de-calais au Midi, ces Français ont en commun de manifester contre la réforme des retraites. Très en colère après le passage en force du gouvernement avec le 49.3, mais loin des "factieux" cités par Emmanuel Macron au cours de son entretien télévisé du 22 mars 2023, ils réfléchissent désormais aux suites à donner à leur opposition. Eux aussi, ils veulent un référendum. Quand "Marianne" a lancé son appel le 17 mars, ils ont été parmi les premiers à exprimer leur soutien. Défense de la démocratie, rejet de la réforme, volonté de sortir de la crise politique... Les raisons d'appeler à la tenu d'un scrutin référendaire ne manquent pas. Aujourd'hui nous revendiquons plus de 300 000 signataires. Enquête. La police à son tour piégée dans la nasse. Depuis l'adoption de la réforme des retraites par le recours au 49.3, la colère de la rue est sortie de son lit. Et, avec elle, de nouvelles accusations de violences policières. face au mouvement social, à une jeunesse désormais virulente et à des soupçons sur la volonté de l'Etat de tuer la mobilisation, le malaise policier grandit. |
Nature du document : | documentaire |
genre : | Article de périodique |
Exemplaires (1)
Cote | Section | Localisation | Code-barres | Disponibilité |
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Archives | périodique | CDI | 037993 | Disponible |